Conseils de Pros a été créé par GIJN pour relayer des conseils méthodologiques spécifiquement pour les journalistes francophones. Si vous avez une idée d’article sur des techniques d’enquête ou ressources spécifiques, écrivez-moi à marthe.rubio@gijn.org.
Ce post est inspiré du workshop de Margarida Silva, chercheuse au sein de l’organisation Corporate Europe Observatory, qui traque l’influence des groupes de lobbies à Bruxelles. Ce workshop a été effectué lors de l’édition 2019 du Dataharvest.
Les enjeux
Les questions essentielles à se poser au moment d’enquêter sur les lobbys à Bruxelles sont:
- Qui sont les groupes de lobbies les plus influents au sein de l’UE?
- Quelles sont les grandes batailles d’influence impliquant les lobbies?
- Pour quelle cause une entreprise X exerce-t-elle du lobby?
Les sources
– Le registre de transparence officiel de l’Union Européenne. Il possède 11.000 entrées mais il faut garder à l’esprit que l’inscription dans le registre n’est obligatoire que depuis 2014, que les informations ne sont pas systématiquement vérifiées et que les données concernent uniquement les membres de la Commission européenne.
Il est possible d’effectuer des recherches par mots clés et de télécharger la liste des rencontres entre lobbyistes et fonctionnaires européens sous forme de PDF, de même que la liste des personnes travaillant pour une organisation donnée en tant que lobbyistes ainsi que son budget déclaré à des fins d’influence.
– LobbyFacts permet de rechercher et de visualiser quelles sont les entreprises déclarant le plus gros budget de lobby et qui a le plus de réunions avec des fonctionnaires de la Commission Européenne. Le problème est que ces informations ne sont disponibles que pour les plus hauts fonctionnaires alors que la majorité du lobby s’exerce à un niveau bien moins élevé.
Une bonne technique pour trouver des idées d’enquêtes est de rechercher les incohérences en jouant avec les filtres. Par exemple, l’entreprise Everis Spain a l’un des budgets de lobby les plus importants mais ne déclare aucune réunion avec des fonctionnaires ni aucune accréditation au sein de la commission. Une autre technique peut aussi être d’observer l’historique des dépenses ou des accréditations pour les entreprises.
– Integrity Watch, le registre des lobbys de Transparency International, utilise les mêmes données mais il est plus facile d’utilisation, il possède davantage de graphiques et il est plus didactique. Il permet d’accéder aux déclarations d’intérêts des parlementaires européens. Il est possible de filtrer par type de revenu, activité ou emploi antérieur.
– Ask The EU est une plateforme permettant de demander des informations publiques aux institutions européennes. Il est ainsi possible de demander à connaître toutes les réunions d’une entreprise donnée avec des fonctionnaires européens. La réponse reçue sera probablement que cette information est déjà publique. Il faudra alors insister et exiger l’intégralité des réunions, et non uniquement celles organisées avec des membres de la Commission européenne. Vous pouvez vous inspirer des autres demandes d’informations avant d’écrire la votre. Toutes celles faites par Margarida Silva se trouvent ici.
Autres sources possibles:
Le registre des experts de l’Union européenne.
Les registres de transparence nationaux.
Le registre des lobbys des Etats-Unis.
Marthe Rubió est la rédactrice francophone de GIJN. Elle a travaillé en tant que data journaliste au sein du journal argentin La Nación et comme journaliste indépendante pour Slate, El Mundo, Libération, Le Figaro ou Mediapart.