Conseils de Pros a été créé par GIJN pour relayer des conseils méthodologiques spécifiquement pour les journalistes francophones. Si vous avez une idée d’article sur des techniques ou ressources pour enquêter, écrivez-moi à marthe.rubio@gijn.org.
Cet article est basé sur l’atelier “Comment enquêter sur la santé” organisé par l’agence française de développement médias CFI lors de notre conférence internationale de journalisme d’investigation GIJC19 en septembre 2019 à Hambourg. Dans le cadre de cet atelier, trois journalistes d’investigation spécialisées dans la santé ont livré leurs conseils pour enquêter sur le monde médical. Retrouvez ci-dessous les recommandations et les ressources préférées de Serena Tinari, une journaliste d’investigation italienne chevronnée cofondatrice du site d’investigation et de formation à l’enquête sur la santé Re-Check, Hanène Zbiss, une journaliste tunisienne indépendante travaillant notamment pour le site d’investigation Inkyfada et Rozenn Le Saint, une journaliste indépendante française ayant notamment travaillé sur les “Pharma Papers”.
“Nous sommes la preuve vivante qu’on peut être compétent-es sans êtres des médecins” a déclaré Serena Tinari en guise d’introduction de l’atelier. Pour enquêter dans le domaine de la santé, il faut cependant des automatismes. Voici quelques recommandations des trois journalistes :
- “Repérer les conflits d’intérêts des auteurs des publications médico-scientifiques ainsi que leur agenda et leur qualité scientifique. Toujours replacer les publications dans leur contexte.”
- “Rechercher les faiblesses méthodologiques et les omissions (niveau de preuve, biais, selective reporting). Il faut toujours lire l’intégralité des publications.”
- “Sci-hub est une ressource fantastique car cette base de données permet d’avoir accès gratuitement à l’intégralité des publications scientifiques.”
- “Il ne faut pas se concentrer sur un seul “bad guy”. L’idée est d’enquêter sur un système complexe. ll faut partir du principe que tout le monde a un agenda et des intérêts, même les acteurs qui se présentent comme au service de l’intérêt général (les associations par exemple).”
- “Il faut passer au peigne fin tous les conflits d’intérêt, pas seulement ceux des médecins. Les associations de patients reçoivent par exemple beaucoup d’argent des labos. Il faut examiner qui finance les universités, les centres hospitaliers, la formation continue des médecins.”
- “Si un sujet vous semble trop complexe, n’hésitez-pas à consulter un spécialiste indépendant. Les professeurs émérites à la retraites sont d’excellentes sources ! “
- ” Pour ne pas déprimer face à des sujets graves, qui touchent à la vie humaine, il ne faut pas être trop proche des sources, garder une certaine distance. L’humour (noir) permet parfois aussi de se protéger.”
- “La santé est un secteur où règne l’impunité. Pour ne pas être frustré, il faut persévérer. Chaque sanction et chaque changement de réglementation est une victoire.”
Ressources pour enquêter sur la santé
Si vous connaissez d’autres ressources internationales ou nationales fiables sur la santé, signalez-les moi en m’écrivant à marthe.rubio@gijn.org.
DataBank est un outil d’analyse et de visualisation qui contient des séries de données chronologiques sur des sujets divers, dont la santé. Cette base de données permet de créer des requêtes personnalisées et de produire des tableaux, graphiques, ou cartes, qu’il est possible ensuite de sauvegarder, d’incorporer ailleurs ou de partager facilement.
Global Health Observatory data repository (OMS)
Cette base de données fournit des données classées en fonction de sujets liés à la santé. Les indicateurs pertinents sont regroupés dans les différents groupes de données afin de fournir un contexte plus large aux informations.
Cartographie des bases de données publiques en santé
Cet outil du portail de données public français regroupe plus de 260 bases de données sur le secteur de la santé.
Site de l’Organisation de Coopération et du Développement Economique (OCDE)
Ce portail fournit des statistiques sur plusieurs secteurs, dont la santé, dans les pays de l’OCDE.
C’est l’une des principales revues médicales en Afrique. Elle publie des études scientifiques originales, des critiques et des commentaires sur les initiatives en matière de santé en cours, des rapports de projets et de travail, des expériences personnelles, des articles éducatifs et des articles commentant des facteurs cliniques, sociaux, politiques, économiques et tous les autres facteurs affectant la santé.
Banque de données en santé publique (BDSP)
Cette base de données est élaborée par le réseau documentaire d’informations en santé publique et gérée par l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Elle couvre la littérature scientifique et technique française et étrangère en santé publique depuis 1993. Elle permet l’accès à environ 530 000 références (articles, ouvrages, thèses, mémoires, travaux académiques, rapports, actes de congrès et retours d’expérience), dans de nombreux domaines de la santé publique.
US National Library of Medicine
Cette bibliothèque a été créée en 1836 et contient des millions de ressources imprimées et électroniques.
Littérature scientifique en santé
Moteur de recherche référençant plus d’un million d’articles scientifiques en français dans le domaine de la Santé.
Plateforme de référence de la littérature scientifique. Elle contient plus de 2 500 revues savantes, dont plus de 250 publications entièrement en libre accès et 39 000 ouvrages de référence.
Revue quotidienne de la presse française sur les sujets santé (abonnement payant mais newsletter gratuite).
Le site de la sécurité sociale française contient des études sur les dépenses de l’assurance maladie et autres études économiques, mais aussi des recueils d”’info-services” avec description de chaque acte médical ou pathologie.
Ce site répertorie tous les essais cliniques réalisés dans le monde.
Haute autorité de la santé (HAS)
Site de la HAS, la plus haute autorité de la santé en France.
Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)
Site de l’autorité publique chargée de la pharmacovigilance en France, qui accorde également les autorisations de mise sur le marché (AMM),
Site de “l’annuaire des médicaments”. Pour chaque médicament, le laboratoire qui le fabrique est mentionné, les effets secondaires, etc.
Site de la revue médicale indépendante Prescrire (la seule en France). Sa “liste noire des médicaments plus dangereux qu’utiles” est en accès libre. Les bibliothèques universitaires sont souvent abonnées.
Le site du gouvernement français qui répertorie les liens d’intérêts entre l’industrie pharmaceutique et les acteurs de la santé (déclarés par les entreprises pharmaceutiques), mis en place suite au scandale du Mediator
Site qui puise dans les données de transparence.sante.gouv en les rendant davantage accessibles, mis en place en partenariat avec le site journalistique Basta! dans le cadre de l’enquête sur les Pharma Papers.
Re-Check est une organisation suisse d’enquête indépendante et à but non lucratif, spécialisée dans l’investigation et le mappage des affaires de santé. L’organisation évalue les preuves disponibles, traque les conflits d’intérêts et analyse les bénéfices et les risques, conformément aux principes de la médecine fondée sur les preuves (EBM).
Réseau pour les étudiants intéressés par l’Evidence Based Medicine.
Accès gratuit à la littérature biomédicale
Si l’étude qui vous intéresse n’est pas disponible gratuitement en ligne, copiez son “DOI” et insérez-le dans sci-hub, un site géré par Alexandra Elbakyan permettant un libre accès à dizaines de milliers d’études scientifiques.
Bulletins indépendants d’information sur les médicaments.
Réseau français de médecins indépendants de l’industrie pharmaceutique.
Portail Open Data de la République Tunisienne
Il fournit des données sur tous les secteurs en Tunisie, dont la santé.
Revue scientifique de la Société tunisienne de la science médicale
Institut National de la Statistique
Ce site fournit des données et des statistiques sur tous les secteurs en Tunisie, dont la santé.
Marthe Rubió est la rédactrice en chef francophone de GIJN. Elle a travaillé en tant que data journaliste au sein du journal argentin La Nación et comme journaliste indépendante pour Slate, El Mundo, Libération, Le Figaro ou Mediapart.